Page principale | Creation | Membres | Photos | Liens | Forum |


Histoire de l'alchimie







Les histoires suivantes se veulent le résumé de mes lectures sur le sujet. Bien que tout ne soit pas encore mis sur le site, l'écriture en est complétée. Si vous désirez l'avoir en format Word, ne vous gênez pas pour m'écrire, il me fera plaisir de partager mes connaissances sur le sujet.

Introduction
La naissance de l'alchimie
Les premières inspirations des alchimistes
L'alchimie chinoise
L'islam et l'alchimie
L'alchimiste dans la société
L'obscurantisme volontaire des grimoires d'alchimie
Les substances des alchimistes
Albert le Grand, maître ès science et médecin
Arnaud de Villeneuve
La vie peu commune de Raymond Lulle
Nicolas Flamel
Basile Valentin
Les sinistres expériences de Barbe-Bleue
Théophraste Bombast von Honenheim dit Paracelse
Les hyperchimistes
Conclusion







Introduction :


Il n'est pas chose aisé de faire l'histoire de l'alchimie. Couvrant une période de près de 2000ans, apparaissant au sein de multiples civilisations différentes, l'alchimie allait façonner le destin d'hommes, en propulsant certains au sommet, comme elle en détruira d'autres. Lorsque l'on connaît la chimie des métaux, il est facile de comprendre que le grand mystère qui entoure la chimie des métaux ait pu donner l'idée qu'on pouvait transformer les vils métaux en or. En effet, la chimie minérale est si colorée, un composé peut passer du rouge au vert en y ajoutant qu'une simple substance et en chauffant un peu…si le rouge devient vert, qu'est-ce qui empêcherait le plomb de devenir de l'or?






La naissance de l'alchimie :


Il est difficile de dire avec certitude où et quand est apparu pour la première fois l'alchimie. Par exemple, même si certains forgerons sacrés tenaient leur art en très haute estime, il est difficile d'affirmer qu'il s'agissait là d'alchimie, une science qui allait fasciner l'imagination des hommes des siècles durant. Selon certains, on peut voir son apparition dans la bible. N'y disait-on pas que Cham, le deuxième fils de Noé, pratiquait la magie? Doit-on plutôt croire les alchimistes du Moyen-Âge qui assurent que l'art hermétique(alchimie) venait de l'Égypte, berceau de toutes les sciences et attribuent sa découverte à Hermès Trismégiste que ses compères élevèrent au rang de divinité de son vivant pour le remercier de ses inventions?

Selon la littérature, il serait hasardeux de placer l'Égypte comme le berceau de l'alchimie. En effet, ils n'avaient tout simplement pas les techniques et les connaissances minimales pour effectuer une transmutation alchimique. Il n'y a qu'à rappeler le fait que les Égyptiens jugeaient la nature d'un corps selon sa couleur…

Il en va différemment pour la Grèce, où l'on retrouve les premiers manuscrits relatant d'alchimie. Par contre, bien que l'alchimie soit née en Grèce, il semblerait grecs, surtout au cours des conquêtes d'Alexandre le Grand, aient pris le meilleurs des civilisations orientales : Égyptiennes, Babyloniennes, iraniennes, … C'est dans ce mélange de cultures et de connaissance que naîtra l'art hermétique. La Grèce était alors au début d'un extraordinaire mélange de mystique et de pratique, d'observations rigoureuses et de spéculations pures.

En fait, c'est cette intervention du mystique qui différencie l'alchimie de la métallurgie traditionnelle ou encore de la chimie moderne. L'alchimiste par son travail, cherchait au départ surtout à expliquer l'énigme du grand tout, il recherchait le salut de son âme par l'acquisition de connaissances illuminatrices. Au départ, l'alchimiste ne cherchait pas à faire de l'or. En effet, ce précieux métal n'était-il pas à l'origine de la corruption d'un monde qu'il se proposait de régénérer?






Les premières inspirations des alchimistes :


Les alchimistes durant près de 15 siècles se sont inspirés des mêmes sources, chacun essayant d'y découvrir ce que les autres n'avaient pas encore vus avant lui. J'énoncerai dans la partie suivantes, les penseurs, les textes et les toutes premières théories sur lesquelles tout le travail alchimique a été bâti. Évidemment, comme vous le verrez plus loin, d'autres sources viendront plus tard au cours de l'histoire influencer nos alchimistes.

Alors que Platon et Aristote sont peints au Moyen-Âge comme de sages vieillard au regard empli d'une philosophie prometteuse, Démocrite est plutôt représenté comme un voleur, un fou, ce qui représente bien la pensées des alchimistes de toute époque à son égard. De tous les compositions de traités scientifiques de Démocrite, aucun ne parviendra au monde moderne…on peut trouver quelque citations dans divers textes qui n'y sont que pour le ridiculiser…en effet, sa théorie des atomes est tout simplement ridicule! Ne mentionnons qu'une seule de ses doctrines qui se résume à ceci : " Rien ne naît de rien et rien ne peut être réduit à rien. On peut donc avancer au sens absolu du mot, que rien ne naît ni ne périt, puisque les mêmes éléments subsistent ". Cela n'a jamais été pris en compte par les gens de l'époque…et pourtant…

Pour en revenir aux écrits qui influençaient les alchimistes, dans un traité fort obscur, Platon expose sa théorie de la matière et de l'univers en démontrant que ceux-ci sont formés de 4 éléments : la terre, l'eau, le feu et l'air. En raison de leur poids spécifique, les deux premier sont attirés vers le bas tandis que les deux autres s'élèvent vers le ciel. À la question est-ce qu'un élément peut se transformer en un autre, Platon répond ceci : (pensez à un morceau de bois qui se consume) Quand la terre rencontre le feu et qu'elle est divisée par lui, elle est dissoute et emportée jusqu'à ce que ses particules se rencontrent et s'agrègent à nouveau. C'est alors que la terre renaît, car la terre ne pourra jamais devenir autre chose que de la terre… " À vrai dire, la terre selon Platon, est le seul élément qui demeure non transformable. Pour les 3 autres, tout est permis. Par exemple, l'eau divisée par le feu, donne une part de feu et deux part d'air…de plus, si l'air est brisé, il peut donner une part d'eau par condensation.

Ce qui suit est important : Pour Platon, tout ce qui existe et qui n'est pas un des 4 éléments est une combinaison plus ou moins parfaites de ceux-ci. Comme un seul des métaux connu, l'or, résistait à l'action de l'air, de l'eau, du feu et de la terre, alors l'or aux yeux des platoniste est le symbole de la perfection vers laquelle tend le Grand Tout(l'univers). Comparés à lui, les autres métaux sont imparfaits, voire infirmes.

Le disciple de Platon, Aristote, allait plus tard dénaturer les conceptions de son ancien maître. Il admettait que les 4 éléments constituaient l'univers, mais il précisa que chacun des éléments contenait deux qualités…ainsi :

Froid+sécheresse = terre
Froid+humidité = eau
Chaud + sécheresse = feu
Chaud + humidité = air


Pour Aristote, on peut changer un élément en un autre en faisant varier l'une ou l'autre de ses qualités. Ainsi par exemple, le feu deviendra de l'air si le sec est dominé par l'humide. Encore une fois, la terre reste l'élément qui est inchangeable. Aristote sépare par contre la terre en deux parties : les minéraux et les métaux. Les minéraux c'est la terre qui ne fond pas tandis que les métaux eux se fondent.

Un autre outil important des alchimistes : la table d'émeraude. C'est en fait une pierre dont les inscriptions dessus auraient été gravés avec une émeraude. Les alchimistes du Moyen-Âge croyaient en fait que cette table renfermaient les secrets de la création de la pierre philosophale. Selon eux, elle aurait été écrite par Hermès en Égypte et un soldat d'Alexandre le Grand l'aurait découvert enfermée à l'intérieur de la pyramide de Gizeh. Les égyptologues modernes situent plutôt sa création en Grèce aux premiers siècles de l'ère chrétienne. Voici la traduction du nébuleux texte de la table d'émeraude :

" Il est vrai, sans mensonges, certain et très véritable : Ce qui est bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas; par ces choses se font les miracles d'une seule chose. Et comme toutes les choses sont et proviennent d'Un, par la méditation d'Un, ainsi toutes les choses sont nés de cette chose unique par adaptation. Le soleil en est le père, la lune la mère. Le vent l'a porté dans son sein. La terre est sa nourrice et son réceptacle. Le père de tout, le Thélème du monde universel est ici. Sa force et sa puissance reste entière, si elle est convertie en terre. Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l'épais, doucement, avec grande industrie. Il monte de la terre et descend du ciel, et reçoit la force des choses supérieures et des choses inférieures. Tu auras pas ce moyen la gloire du monde, et toute obscurité s'enfuira de toi. C'est la force, force de toute chose, car elle vaincra toute chose subtile et pénétrera tout chose solide. Ainsi, le monde a été créé. De cela sortiront d'admirables adaptations, desquelles le moyen est ici donné. C'est pourquoi je m'appelle Hermès Trismégiste, ayant les 3 parties de la philosophie universelle. "

C'est dans sur récit des plus obscurs que les alchimistes se pencheront des siècles durant, avec l'espoir de lui arracher quelque secret. Le tout pour créer, la fameuse pierre philosophale.






L'alchimie chinoise


C'est en Chine que se retrouvent les premières traces de l'alchimie au sens précis du terme. Si les premiers manuscrits alchimiques chinois datent du 2ème siècle avant Jésus-Christ, on peut penser qu'elle existant avant et se transmettait par la tradition orale. Le premier alchimiste chinois aurait été Tsu Yen, qui vécu au 4ème siècle avant notre ère. Il aurait découvert que l'alchimie visait à opérer la régénération de l'être humain au travers ses efforts. En -144, un édit impérial menace d'exécution publique tout charlatan qui serait convaincu d'avoir contrefait de l'or, ce qui suppose alors une grande curiosité face à l'alchimie et l'exploitation de la crédulité publique par des gens disons peu honnêtes. En -60, l'alchimiste Lui Hsiang tentera en vain, de préparer de l'or potable, capable de prolonger la vie de son impérial protecteur.

L'alchimie chinoise s'est développée au sein de la tradition taoïste dont un des symbole majeur est le grand absolu : l'unité visible qui se réalise par la complémentarité du Yin et du Yang. Quelles étaient les pratiques des alchimistes Taoïstes? De même qu'en occident, on retrouve chez eux de minutieuses prescriptions pour réaliser les transmutations métalliques. Seules deux ou trois personnes de confiances totales doivent assister à la transmutation, l'alchimiste doit jeûner 100 jours avant de commencer les transmutations, et celle-ci doit s'opérer sur une grande montagne loin des villes. Choses curieuse, on retrouve dans les procédés chinois, le même ordre de couleur menant à l'apparition de l'or que dans les textes occidentaux. De plus, l'homme qui réussissait la transmutation se voyait atteindre par le fait même l'immortalité, puis en donnant la possibilité aux immortels de pouvoir quitter leur corps pour s'élever dans les plans supérieurs, tout en étant libre de pouvoir revenir à sa guise sur le plan terrestre. De nombreux récits fantastiques chinois font état de ces immortels et leur rapports avec les humains courants.

Une question se pose : l'alchimie chinoise aurait-elle pu avoir une certaine influence sur les préceptes des alchimistes occidentaux? Évidemment, aucun alchimiste occidental ne connaissait le chinois, mais n'oublions pas que l'empire romain fut en relations commerciales avec la Chine, par exemple, par l'interminable route de la soie, qui unissait l'extrême orient à la Méditerranée orientale. De plus, on vit à Alexandrie prêcher des moines bouddhistes, indiens pour la plupart mais dont certains venaient de Chine. On peut donc concevoir qu'il y eut un certain échange d'idées indirectes au sujet de l'alchimie.






L'obscurantisme volontaire des grimoires d'alchimie :


D'aucun sait que les anciens grimoires de l'art hermétique(alchimique) renferment milles et un secrets. Par contre, un esprit connaisseur des lois de la chimie et de la physique se décourage rapidement lorsqu'il tente d'interpréter cette écriture obscure. En effet, sous la peur de l'inquisition, ou encore pour garder jalousement leurs secrets, les alchimistes avaient pour habitude de recourir à de multiples méthodes pour rendre leurs grimoires absolument incompréhensible aux yeux d'un non adepte. Voici les grandes lignes de ces méthodes…

Tout d'abord, pour décourager le lecteur, les adeptes avaient pour habitude de faire apparaître dans leur textes, des termes arabes, hébreux, égyptiens et grecs. Par exemple, le vinaigre et l'airain s'inspirent de l'arabe pour devenir alcahal et almizadir. Le vitriol devient le zimax et une émulsion d'huile et d'eau de l'hydroleum. Mais les charabias ne s'arrêtent pas là…il n'est pas rare que les adeptes utilisent une phrase entière pour désigner un seul terme. Par exemple, Valentin composa pour désigner un acide, une maxime latine : Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem, dont un œil attentif remarquera qu'avec la première lettre de chaque mot nous obtenons le mot vitriol.

Mais ce n'est pas tout! Comme tous le monde le sait, certains écrivaient à l'envers, et la plupart des alchimistes ajoutent en plus plusieurs lettres inutiles aux mots déjà connus. Par exemple, L'azote des philosophe est leur mercure devient : " M.L'azothie adoesp uphiloqsphesa lesati pleururi imeraculet ". Pire encore, certains vont jusqu'à supprimer les mots clefs d'une phrase pour les remplacer par des initiales de leur choix : Prends F, pose dans C et mets tout dans H…ou encore, d'autres inventent totalement un nouveau langage connu d'eux seul : Ongra nitigillk ende firseigli signifierait la filtration après la résolution en vinaigre distillé…

Tout spécialiste de services secrets finirait par s'avouer vaincu devant une telle quantité de rebus qui se mélangent souvent entre eux au file du texte! De plus, les titres des ouvrages alchimiques sont souvent particulièrement obscurs et ne dévoilent absolument rien du contenu du livre…on dénote entre autre : Le désir désiré, L'hydre morbifique exterminée par l'Hercule chymique, L'aquarium des sages, Le crocodile, L'entrée ouverte au palais fermé du roi, Le grand miroir du monde, La tourbe des philosophes, etc


Plus tard, soit pour les rendre plus jolis ou plus obscures, les alchimistes remplirent leur grimoires de dessins, de figures allégoriques. Pour ce faire, pratiquement tout le règne animal leur sert. Par exemple, le taureau ou le lion symbolisent la terre, la baleine ou le poisson, l'eau, un aigle représente l'air et la salamandre le feu. Le loup désigne l'antimoine, le chien soit le souffre ou l'or. Ainsi lorsqu'on voit un loup dévorant un chien dans ces grimoires, on doit comprendre qu'il s'agit là en fait de la purification de l'or par l'antimoine. Des oiseaux en plein vol symbolisent un principe volatil alors que des oiseaux sur le sol désignent plutôt une précipitation ou une condensation…

On peut aussi se servir dans les dessins d'astrologie, de mythologie ou encore de hiérarchie sociale. Par exemple, des esclaves prosternés devant un monarque représentent les métaux considérés comme vils à l'époque(fer, cuivre,…).

En conclusion, si un jour vous mettez la main sur un vieux livre d'alchimie, à moins d'avoir l'esprit particulièrement retors, une patience exemplaire et des ressources adéquates, n'espérez pas en tirer quelque chose…








Albert le Grand, maître ès science et médecin


Albert de Groot, surnommé Albert le Grand, Albert de Cologne ou encore Albert le Teutonique, appartient comme vous le verrez à ces rares personnages dans l'histoire qui possèdent le don de susciter les légendes les plus extravagantes. Il naquit à Saningen, sur le bord du Danube et on situe sa date de naissance aux environ de 1197 après j-c. Issu d'une noble et riche famille, il reçut une instruction particulièrement poussée. Aimant des voyages, il visita la France, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie où il séjourna pour y étudier la médecine.

Il se lia alors avec le supérieur de l'ordre des Dominicains, qui lui recommanda d'entrer au monastère si il voulait se consacrer à l'étude des sciences…ce qu'Albert fit. On le retrouva donc quelques années plus tard à Cologne, à enseigner les sciences naturelles et sacrées. Ses leçons attirent tellement d'auditeurs qu'en 1245, ses supérieurs décident de l'envoyer à Paris, pour qu'il y acquiert le titre de Maître. En France, ses cours connaissent le même succès qu'en Italie, aucun cloître ne peut contenir la foule qui se presse pour entendre le savant dominicain commenter la philosophie d'Aristote. Au point tel qu'Albert devra rassembler ses élèves au pied de la montagne de Ste-Geneviève, sur un emplacement qui prendra le nom de place de Maître Albert ou Maubert.

Déjà, des bruits commencent à courir à son sujet : la bague en or qu'il porte à sa main aurait le pouvoir d'attirer et de charmer les reptiles…on murmure qu'il connaît le secret de fondre l'or hermétique… Plus tard quand le pape le nommera évêque de Ratisbonne, les gens prétendront qu'il a renfloué la trésorerie de son évêché avec de l'argent de sa fabrication.

En 1250, l'ardeur qu'il apporte à la poursuite de ses travaux le décide à renoncer aux charges que le pontife lui a confiées. Il préfère retourner en Cologne où il peut se consacrer tout entier à l'étude des sciences et de la philosophie sans pour autant abandonner sa mission de dominicain. Il écrira alors 21 volumes, qui consignent l'enseignement vivant qu'il prodigua à travers l'Europe, augmenté des connaissances tirés d'Aristote et dans les textes des savants Arabes. En 1277, alors qu'il prononce un sermon de Carême, il tombe, terrassé par une attaque d'apoplexie. Les médecins réussissent à le sauver, mais il vivra les trois dernières années de sa vie paralysé et dans un état semi conscient, incapable d'achever son œuvre.

S'adonnait-il à la fameuse transmutation du plomb en or? C'est douteux…par ses écrits, Albert le Grand laisse croire qu'il était plutôt un esprit avide de connaissance qui s'intéressa à l'alchimie, mais qui ne poussa jamais le côté expérimental de la chose. Il est donc faux de lui prêter l'invention du canon, du pistolet, ainsi que la paternité d'ouvrages traitants de la nécromancie et autres sorcelleries. Il disait lui-même dans ses écrits que ces choses n'étaient qu'absurdités que la saine raison n'admettra jamais. Les générations futures lui attribuèrent quand même, à tord, certaines œuvres dont les Admirables secrets du Gran et du Petit Albert, qui sont des apocryphes(l'auteur des livres a essayé de faire croire qu'ils étaient écrits de la main d'Albert), seuls quelques passages étant empruntés au brillant docteur dominicain.

Pour en revenir aux théories d'Albert, selon lui, la connaissance des sciences positives, fournit au chrétien l'occasion de fortifier sa foi et de rendre hommage à dieu pour la perfection de son œuvre. Sont particulièrement intéressants ses 5 livres sur les minéraux et les métaux. Le premier traite de leur origine et de leur qualités, le second parle de la formation des pierres précieuses et de leurs propriétés magiques. Dans les livres suivants, Albert tient pour malades les métaux imparfaits, c'est-à-dire ceux autres que l'argent et l'or (doit-on y voir l'influence de ses études en médecine?). Les 4ème et 5ème livres expliquent la composition des métaux en termes de souffre(père) et de mercure(mère). Selon lui, un peu de souffre mélangé avec un peu de mercure donnerait naissance à de l'argent vulgaire. Dans les même proportions, les deux même ingrédients étant utilisés moins purs donneraient du plomb. Seul l'or, en raison de l'extrême pureté de son souffre et de son mercure, est un métal parfait. Donc, pour transformer les vils métaux en or, il faut soit ajouter au métal ce qui lui manque, soit lui retirer ses impuretés.

Pour la réalisation d'une transmutation, Albert propose de guérir les métaux imparfaits. Et la façon de faire selon lui, est d'observer l'œuvre de la nature, et aussi en concupiscence avec le savoir astrologique. Il passe d'ailleurs beaucoup de temps à visiter les mines où se trouvent les filons métalliques, il conclut d'ailleurs de ces visites que la disposition du terrain à permis aux vapeurs primordiales de circuler un nombre suffisant de fois pour s'imprégner des vertus de la terre et engendrer un filon métallique.

Juste avant son attaque d'apoplexie qui le laissa paralysé, Albert écrit : " Le souffre brûle les métaux à cause d'une certaine affinité de nature.. " d'ailleurs, le mot affinité revient souvent dans ses derniers écrits…il est dommage qu'il n'ait pas poussé sa pensée plus loin car qui sait, peut-être qu'Albert le Grand avait entrevu, 4 siècles plus tôt, ce que Robert Boyle, dans la foulée de Lavoisier, avait énoncer.






La vie peu commune de Raymond Lulle


Né en 1235 au sein d'une riche famille et élevé élevé à la grande dignité de grand sénéchal d'Aragon, il vécut d'abord à la cour. De façon naturelle, Raymond multipliait les intrigues amoureuses, accumulant les conquêtes les plus flatteuses. Dans l'espoir de l'assagir un peu, son père le maria à une riche héritière. Lulle n'en continua pas moins son existence de libertin.

Un jour, il courtisa une Génoise du nom d'Ambrosia Catello. Il supposa que la belle allait s'abandonner à ses caprices lorsqu'elle dégrafa son corsage. Elle lui montra seulement son sein rongé par le cancer… " Regarde Raymond, dit la femme, la laideur de ce corps qui a conquis ton affection. N'aurais-tu pas mieux fait de mettre ton amour en Jésus-Christ dont tu peux recevoir un prix éternel? "

Ces paroles plongèrent l'homme dans un trouble profond. Des visions mystiques se mirent alors à assaillir son esprit et il quitta la cour pour se retirer sur une île. Au terme de sa méditation sur le mont Randa, il se résolut à partir pour l'Afrique afin de se consacrer à la conversion des infidèles. Il se rendit à Avignon pour faire part de sa décision au pape, qui le traita d'insensé. Il s'y rendit tout de même et mena sa tâche avec tellement de zèle qu'il fut condamné à la mort.

Le bourreau s'apprêtait à accomplir sa besogne quand un musulman tolérant le sauva en démontrant que le Coran interdit d'exécuter un dément…

De retour en Europe, il lit beaucoup et commente ses lectures sur la place publique, ce qui lui vaut le titre de Docteur illuminé, car il trouve aussi le temps de rédiger 500 opuscules qui traitent de philosophe, de théologie et d'alchimie. Au sujet de l'alchimie il dit : En observant les qualités de l'or, on trouve qu'il est jaune, fort pesant, malléable et ductile à un certain degré. Celui qui connaîtra les procédés nécessaires pour produire à volonté la couleur jaune, la pesanteur spécifique…bref les qualités de l'or, cette personne pourra prendre les mesures nécessaires pour réunir ces qualités à différents degrés pour réunir ces qualités dans tel ou tel corps : il en résultera sa transmutation en or.

De plus, il imagina une Table du Grand Art. Cette table était en fait 3 cercles tournant autour d'un même point et en disposant de façon arbitraire des concepts matériels, on pouvait avoir toutes les combinaisons possibles. Par ce procédé, qui aboutissant au plus extravagant mélange d'absurdités et de vérités, Raymonde Lulle espérait en quelques secondes, résoudre tous les problèmes scientifiques, philosophies et moraux…

Il mourut quelques années plus tard, lapidé par la foule en Afrique qu'il tentait encore de convertir.






Les sinistres expériences de Barbe-Bleue


Au début du XVème siècle, l'autorité du seigneur Gilles de Rays n'est plus à faire. La mort prématurée de ses parents lui laissant la somme rondelette de 4 millions de l'époque, il aide dix ans de temps au dauphin Charles à reconquérir son royaume. Artiste et joueur, il se lance dans de folles dépenses : il aime s'entourer de jongleurs, de troubadours et de filles de joies.

Jeune libertin, qui s'adonne à l'homosexualité depuis l'adolescence aurait aussi entretenu une passion amoureuse pour Jeanne d'Arc. La guerre finie, il reprend son existence de plaisir et de luxe. Ses dépenses prodigieuses épuisent rapidement ses richesses…Harcelé par les créanciers, il emprunte aux usuriers Juifs et lombards. Il en vient même à vendre une partie de ses biens au duc Jean de Bretagne et à l'évêque de Nantes, en se réservant toutefois le droit de les racheter…car il a un espoir.

Son espoir est la réalisation du grand œuvre (transformer le plomb en or). Dans ses châteaux, magiciens, sorciers et nécromants remplacent maintenant les ménestrels. Il s'attache les services d'un moine défroqué qui engage une sorcière bretonne, la Méfraye et quelques-unes de ses comparses. Après une série d'échec(18mois), l'ancien moine déclare qu'il leur manque l'essentiel pour préparer la pierre philosophale : le sang de jeunes enfants immolés au cours d'une évocation démoniaque. En effet, on ne peut se concilier Lucifer en lui sacrifiant seulement des colombes et des agneaux, comment le suppose la Méfraye…

Gilles de Rays accepte sans sourciller cette monstrueuse proposition. Même au prix du salut, il lui faut la pierre des magiciens. Dès lors, ses valets, assurés de l'impunité, parcourent la campagne à bride abattue, pour s'emparer au passage, de toute chaire fraîche qui joue au abord d'une chaumière. Ou encore, quand ils remarquent un adolescent bien bâti, ils proposent à la famille d'engager le jouvenceau en qualité de " page de monseigneur ". Les meurtres se succèdent au château de Marchecoul. Le peuple des campagnes qui soupçonnent la vérité, se taisent par crainte de représailles. Au passage des valets du seigneur, les vieilles femmes ne manquent pas de se signer de la croix en murmurant : " Enfermer vos gars quand passe la chasse de Marecoul! "

Quand les valets reviennent, leur maître s'empare de la victime. Il assouvit d'abord ses instincts dépravés sur elles pour ensuite les abandonner à ses complices. Plongé dans la prière, il assiste au sacrifice offert à Satan, ou opère lui-même, imaginant sans cesse de nouveaux raffinements dans la façon de procéder. Après une dernière prière, il quitte ses vêtements pour se plonger dans le baquet où a été recueilli le sang des adolescents.

Si on en croit les minutes du procès toujours conservé à Nantes, il u aurait eu plus d'un millier de victimes en 10ans…les langues finissant par se délier, le duc Jean prit prétexte d'un différend qui l'opposait à son puissant vassal pour intervenir. Gilles de Rays ne résista pas à son arrestation. Il avoua tout ses crimes et à Pierre de L'Hospital qui voulu en apprendre d'avantage sur les invocations destinées à préparer la pierre philosophale, l'accusé répond : " L'invocateur traçait avec un charbon sur le pavé, un grand cercle autour duquel étaient pareillement tracés des caractères magiques et des croix. Puis il entrait dans le cercle avec un certain livre tout plein de noms de diables écrits en coulés de sang, et il lisait en ce livre 2hres durant, appelant à voix haute les diables qui ne se pressaient nullement de venir. " Il fût condamné à la pendaison.